Portage salarial VS freelance : quel statut choisir ? Voilà une question que beaucoup de travailleurs se sont posée avant de passer en indépendant. Si vous êtes en pleine phase de réflexion, bienvenue sur cet article !
Les deux statuts partagent une caractéristique chère à tout indépendant : l’autonomie ! Que vous soyez salarié porté ou 100% freelance, vous choisissez vous-même les missions à réaliser, la catégorie de clients avec qui travailler et vous gérez pleinement votre planning.
Cependant, dans le match portage salarial VS freelance, chaque statut comporte ses avantages et inconvénients. Avant de choisir la forme juridique adaptée à vos besoins et à votre activité, prenons le temps d’une petite analyse, critère par critère.
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La protection sociale
La première manche du duel portage salarial VS freelance se déroule sur le terrain de la protection sociale.
À la création de son entreprise, le freelance est affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI, anciennement RSI). Niveau protection, cela veut dire qu’il bénéficie :
- De l’assurance-maladie
- D’indemnités journalières en cas de maladie ou d’accident
- D’allocations pour le congé parental
- D’une assurance retraite de base
- Des allocations familiales
- Des droits à la formation
- Des indemnités de fin de contrat
Le salarié porté de son côté ne crée pas d’entreprise. Il signe un contrat de travail à durée déterminée ou indéterminée avec une entreprise de portage salarial. Il bénéficie des mêmes avantages sociaux que tous les autres. Et il faut dire que ces derniers sont souvent plus élevés que pour un freelance exerçant sous une forme juridique plus traditionnelle.
Par exemple, le salarié porté cotise davantage pour la retraite complémentaire. À rémunération équivalente, il percevra des montants plus élevés que le freelance. D’ailleurs, les indépendants ayant opté pour la SASU ou l’EURL ne débloquent aucun droit à la retraite s’ils ne se versent pas de salaire. Ceux ayant opté pour les autres statuts doivent gagner un minimum de chiffre d’affaires pour valider des trimestres (entre 9 120 € et 12 304€ annuels, en fonction de la nature de l’activité). Il s’ouvre également le droit à des indemnités de fin de contrat.
Le droit au chômage
En plus des acquis cités précédemment, le freelance en portage salarial bénéficie de l’assurance chômage qui lui garantit des allocations en cas de perte d’activité. Le montant de cette indemnité, ainsi que sa durée, est fixé selon le dernier salaire et la durée des cotisations.
Au total, un salarié peut percevoir jusqu’à 256,96 € brut par jour, sur une période de 2 ans maximum.
Pour toucher une allocation travailleur indépendant (ATI), semblable à l’assurance chômage du salarié, le freelance doit remplir de nombreuses conditions. Outre le fait de devoir être en activité depuis 2 ans et avoir généré un minimum d’activité de 10 000€, il doit se retrouver « sans emploi » suite à un redressement ou une liquidation judiciaire.
Niveau indemnité, il pourra prétendre au maximum à 800 € par mois (26,30€ par jour) pendant 6 mois maximum.
En cas de rupture du contrat de portage, il faut que cela soit à l’initiative de la société portée ou à travers une rupture conventionnelle pour que les droits au chômage soient ouvert, comme n’importe quel autre CDI. Il faut sinon arriver au terme du CDD.
Les taux de cotisations et la rémunération
En portage salarial comme en freelancing, vous cherchez vous-même les clients et vous négociez le tarif de vos prestations. La rémunération dépend donc des missions effectuées.
Cependant, le salarié porté est rémunéré par l’entreprise de portage qui recouvre le paiement des factures de chaque prestation. Cette rémunération s’élève en général à 45 à 60 % de son chiffre d’affaires hors taxe, après prélèvement des charges sociales et fiscales ainsi que des frais de gestion.
Étant soumis au salaire minimum, l’indépendant porté peut donc recevoir 2 637 € par mois, même durant les périodes creuses.
Un freelance micro-entrepreneur verse un pourcentage sur son chiffre d’affaires, moins élevé que les cotisations dues en portage :
- 13,80 % du chiffre d’affaires pour la vente de marchandises.
- 23,7 % pour les prestations de services commerciales ou artisanales.
- 24,2 % pour les professions libérales et les autres prestations de services.
À revenus équivalents, ils peuvent donc prétendre à un revenu supérieur.
Pour la plupart des autres statuts, le taux de cotisation URSSAF est d’environ 46% du bénéfice. Là aussi, la rémunération perçue peut donc être plus intéressante qu’en portage salarial, à chiffres d’affaires équivalents.
Bon à savoir : en micro-entreprise, vous devez respecter des plafonds de chiffre d’affaires (94 300€ pour la vente de marchandise, 36 500€ pour la prestation de service), tandis qu’en portage salarial vous n’avez aucune limite.
Pour savoir quelle serait votre revenu en devenant un salarié porté, faites une simulation à l’aide du simulateur de revenus de notre partenaire ITG.
Les autres charges et les frais professionnels
Dans le match portage salarial VS freelance, évoquons les autres frais liés à l’activité !
Nous venons de le voir, le salarié porté doit s’acquitter de cotisations sociales plus importantes que le freelance. Sauf que ce dernier est soumis à d’autres charges comme l’impôt sur les sociétés (en fonction de la forme juridique choisie) et la cotisation foncière des entreprises (CFE).
Quant aux frais professionnels, ils sont déductibles de l’activité par le salarié porté, comme par l’indépendant (sauf s’il exerce sous le régime de la micro-entreprise). Ce qui permet de baisser les charges, dans une certaine mesure.
L’assurance responsabilité civile
Pour devenir freelance, le professionnel peut choisir entre de nombreux statuts juridiques, dont les plus connus sont :
- Entreprise Individuelle
- EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée)
- EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée)
- SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)
Aucun de ces statuts ne comprend automatiquement une assurance responsabilité civile professionnelle. Même si cette dernière n’est pas obligatoire, elle est fortement recommandée que vous soyez consultant, développeur, rédacteur ou graphiste freelance.
En effet, peu importe votre expertise, vous n’êtes pas à l’abri de litiges avec vos clients. Cela peut être des litiges contractuels ou des dommages (involontaires !) occasionnés pendant vos prestations. Dans le cadre de métiers créatifs, vous pouvez également être confronté à des conflits liés à la propriété intellectuelle.
Selon votre métier, votre chiffre d’affaires et le lieu d’exercice de votre activité, les cotisations d’une assurance de responsabilité civile professionnelle peuvent aller de 15€ à 50€ par mois.
À l’inverse, certaines sociétés de portage salarial incluent l’adhésion à une RC Pro dans leurs frais de gestion. L’avantage est que vous n’avez pas à vous en préoccuper. L’inconvénient est que vous ne pouvez pas choisir votre niveau de garantie et de protection.
Portage salarial VS freelance : quid de l’autonomie ?
Peu importe le statut, vous restez travailleur indépendant. Le choix des missions, de vos tarifs, de vos offres, des horaires et du lieu de travail vous revient.
Même en tant que « salarié » porté, il n’existe aucun lien de subordination entre l’indépendant et l’entreprise de portage. Cette dernière peut l’accompagner dans la prospection ou la recherche de missions, mais le dernier mot appartient freelance porté. Il négocie tout seul les coûts et les modalités de ses prestations avec le client.
Même si vous décidez de changer d’entreprise de portage salarial ou de statut (dans un sens comme dans l’autre), vous conservez votre portefeuille de clients. Vous pouvez même le revendre à un autre professionnel lorsque vous cessez votre activité.
La gestion de l’administratif
Lorsque vous lancez votre activité freelance, au-delà d’être votre propre patron, vous devenez aussi votre propre comptable. Vous devez gérer toutes les tâches administratives concernant votre activité :
- Tenir une comptabilité détaillée
- Envoyer les factures, vérifier les paiements, gérer les relances d’impayés
- Déposer vos comptes au greffe une fois par an
- Déclarer votre chiffre d’affaires à l’URSSAF et régler les cotisations trimestrielles
- Déclarer et régler la TVA mensuellement ou trimestriellement
Tout cela peut constituer un défi pour le freelance sans les compétences requises. Sans oublier que ces tâches chronophages empiètent sur votre cœur de métier. En conséquence, vous consacrez moins de temps aux actions à réelle valeur ajoutée, comme la prospection, le suivi client et l’amélioration de vos prestations.
Chez le salarié porté, c’est une autre réalité ! Les frais de gestion prélevés par la société de portage salarial servent justement à vous épargner toutes les démarches administratives et la tenue de comptabilité.
Même la rédaction du contrat est prise en charge par l’entreprise de portage, selon les accords négociés avec le client au préalable. Et c’est toujours elle qui envoie la facture à la fin de la prestation et relance le client en cas de retard de paiement.
Le salarié porté consacre donc plus de temps à la réalisation des missions et à la recherche de clients.
Portage salarial VS freelance : l’accompagnement contre l’isolement
Être freelance, c’est aussi choisir de piloter son activité seul. Pas de supérieur ni de collègues pour vous conseiller, vous encourager ou vous accompagner dans la réflexion. Évidemment, ce côté « seul maître à bord » possède de nombreux avantages… Mais les limites se posent dès lors que vous faites face à un blocage, que ce soit au moment de créer votre entreprise ou des années après, quand il s’agit d’évoluer.
Bien entendu, rien ne vous empêche de réseauter par ailleurs. Vous pouvez participer à des événements professionnels, aller à des séminaires, travailler dans des espaces de co-working, rejoindre des espaces de discussion dédiés à votre activité sur LinkedIn ou Facebook, etc.
En portage salarial, en plus de ces actions de networking, un conseiller dédié vous aide à développer votre activité. Par ailleurs, les entreprises de portage organisent aussi des ateliers de formation et sessions de rencontres entre freelances, vous permettant de sortir de l’isolement. Ces réunions offrent aussi une occasion d’élargir votre clientèle.
Notre astuce pour choisir
Si vous appréhendez votre reconversion en tant que freelance, le portage salarial peut être la solution. Ce statut hybride vous permet de bénéficier de la sécurité du salariat et de l’autonomie du freelance. À l’inverse, si vous aimez la totale liberté et que vous vous sentez prêt à voler pleinement de vos propres ailes, les différentes formes juridiques existantes en France devraient combler vos attentes.
Et que vous choisissiez le portage salarial ou l’indépendance, vous pourrez toujours compter sur Codeur pour trouver des missions !